La République Démocratique du Congo a placé le numérique parmi les axes prioritaires du Plan National Stratégique de Développement (PNSD), pour la transformation structurelle et le développement inclusif. Ces technologies doivent constituer un véritable levier de croissance et de création de richesses pour le gouvernement ainsi que pour les citoyens.
Par la suite, le Président de la République S.E Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a pris l’initiative du “ Plan National du Numérique” qui porte la stratégie et le cadre de développement du numérique à l’horizon 2025. Cette vision va significativement contribuer à l’accroissement de la capacité du pays dans sa transformation numérique concernant la circulation des informations, les économies de la donnée et de la connaissance, la transparence et la traçabilité, ainsi que l’interopérabilité des systèmes d’informations. Elle va permettre au Numérique de devenir un facteur important de soutien à la modernisation de l’État, à la croissance économique et au progrès social de l’état.
C’est à ce titre que la question de la dématérialisation de la monnaie par l’entremise des cryptomonnaies occupe une attention toute particulière des pouvoirs publics en Afrique, et spécifiquement en République Démocratique du Congo.
Le constat établi est que l’adoption de la blockchain et par ricochet des cryptomonnaies s’accroit en Afrique depuis quelques années. Cette tendance se confirme dans des pays comme le Ghana, le Kenya, le Nigéria, le Burkina Faso et les Comores. Cette tendance gagne en popularité dans plusieurs pays du continent, et surtout auprès des usagers de l’internet.
La blockchain facilite les échanges en monnaies virtuelles en toute sécurité et toutes les informations disposent d’une parfaite traçabilité. Cette technologie trouve d’ailleurs aujourd’hui de nombreux domaines d’application dans la vie quotidienne ainsi que dans les milieux d’affaires.
Par exemple, dans certains pays développés, cette technologie est utilisée pour enregistrer les titres fonciers, voire pour enregistrer les simples périmètres fonciers des populations locales qui n’ont que ce moyen fiable et incontestable pour faire valoir leurs droits. Les autorités publiques de plusieurs États y voient un outil efficace pour la traçabilité des transactions et la transparence dans le financement et l’octroi de marchés publics.
Malgré le succès de cette monnaie dans les pays africains cités, en République Démocratique du Congo, la tendance est frileuse, nonobstant les initiatives privées de certains usagers de l’internet. Une des principales contraintes est l’absence d’un cadre légal clair et précis sur cette monnaie virtuelle. La Banque centrale du Congo, a à maintes reprises, alerté le public congolais sur le fait que les crypto monnaies, Bitcoins et autres monnaies virtuelles proposées sur des plateformes électroniques ne sont ni règlementés ni autorisés à opérer en République démocratique du Congo.
Dans un communiqué, l’autorité de régulation monétaire rappelle que les crypto-monnaies, Bitcoins et autres monnaies virtuelles présentent 4 risques majeurs à savoir : « l’absence de protection réglementaire pour couvrir les pertes en cas des défauts ou de cessation d’activités dans la plateforme qui gère le stockage des bitcoins ; des risques d’utilisation à des fins criminelles et de blanchiment des capitaux préconisant , du reste, l’anonymat dans la réalisation des transactions ; des risques financiers liés à l’extrême volatilité des bitcoins ; l’absence de recours possible en cas de cyber-attaque ou de vol de bitcoins stockés sur les téléphones, ordinateurs, etc. ».
Pourtant aujourd’hui, pour le cas de l’internet méconnu à ses débuts, mais devenu vulgaire actuellement, il parait bien évident que le monde va évoluer dans le sens d’une plus grande consolidation de ce type de monnaie. Il est de notre intérêt de réfléchir sur la possibilité pour le pays de développer ce type de monnaie et de créer un environnement juridique et financier propice pour la promotion de cette monnaie.
Il faut rappeler que la Banque Centrale du Congo intervient, comme conseil du Gouvernement, en matière règlementaire en ce qui concerne la question de la monnaie, soit-elle virtuelle. Il arrive aussi qu’elle adopte des mesures à caractère réglementaire dans ce domaine, notamment sous forme d’instructions. A ce jour, il n’existe aucune règlementation dans ce domaine en RDC et la Banque Centrale y a émis des réserves.
Cependant, l’adoption des cryptomonnaies nous oblige à envisager uniquement les actifs numériques fiables et stables, accessibles à de nombreux utilisateurs.
Plusieurs firmes spécialisées dans ce domaine notamment Blockchain TON, se proposent de développer ce secteur en République Démocratique du Congo. Seulement, l’absence d’un cadre légal et la méfiance des citoyens freinent le développement de ce secteur. Cependant, dans un mode devenu un village planétaire et où le numérique réduit les frontières, il est probable que des citoyens se lancent dans ces opérations en dépit de l’absence d’un cadre légal, avec le risque de voir ces citoyens s’engager dans des activités sans la moindre sécurité juridique.
C’est dans ce cadre que se situent les discussions avec plusieurs acteurs du secteur de la crypto monnaie sur la règlementation et les conditions de succès de son expansion en RDC.
Parmi les acteurs rencontrés, figure la firme de la blockchain TON (The Open Network), conçue par les fondateurs de la messagerie Telegram, mais désormais indépendante en vue de réfléchir sur les conditions et modalités de développement de cette monnaie en République Démocratique du Congo.
L’expérience de cette firme dans ce domaine, les technologies TON (The Open Network) développées, leurs produits financiers constituent des atouts qui justifient cette collaboration à travers la mise en place du nouveau stablecoin national à base de blockchain TON.
Il demeure que le développement de cet outil demeure soumis aux lois et règlements en vigueur en RDC, et que la réflexion actuelle participe au développement de l’économie numérique décentralisée dans notre pays.
Si le cadre légal est adopté, les technologies de crypto-monnaie pourront jouer un rôle fondamental dans l’écosystème financier de la République Démocratique du Congo à travers un partenariat stratégique avec le Gouvernement.